Victor Rault nous démontre comment Charles Darwin a pressenti sa thèorie de l'évolution par sélection naturelle en observant la flore et la faune sauvage, en s'inspirant des pratiques de l'élevage.

"Bienvenue dans le hangar à tonte de la ferme de Port Louis 🐑 Une fois par an, les quelques 6 000 moutons de la propriété, qui paissent sur une grande partie des 17 000 hectares de terrain, sont rassemblés pour se faire tondre. Sur la photo, on voit Will et Hannah prélevant la laine sur un mouton. Will dispose d’une tondeuse électrique, qu’il manipule avec une grande dextérité. Hannah, quant à elle, s’occupe de récupérer la laine à même le sol, qu’elle va ensuite étaler sur la table à trier. Sur cette table, plusieurs personnes prélèvent et mettent de côté certains fragments de la laine dans de grands sacs : il s’agit des morceaux sales ou issus de parties moins nobles de l’animal. Le reste est réparti dans de grandes zones de stockage en fonction de la qualité de la fibre, au fond du hangar. Amy gère la ferme depuis 5 ans, c’est elle qui nous fait visiter le lieu. Elle m’explique que Will, Hannah et John (le deuxième tondeur) ont été embauchés pour l’occasion, et qu’il voyagent à travers le monde en fonction des saisons de tonte dans les différents pays qui produisent de la laine. Un des travaux d’Amy consiste à guider la reproduction des moutons pour favoriser la naissance d’individus qui produisent une laine de qualité. C’est ce que l’on appelle la sélection artificielle, celle qui a amené l’homme à « fabriquer » des espèces qui lui sont utiles, comme le bétail, les chevaux, les chiens, les semences de blé, de grain. Charles Darwin, dans « L’origine des espèces », utilise la sélection artificielle comme point de départ de sa démonstration pour expliquer la sélection naturelle comme mécanisme central de l’évolution. C’est absolument fascinant de s’immerger dans la vie des éleveurs de moutons des Malouines. Car voyager 200 ans après Darwin ne nous permet pas seulement d’apprécier les modifications de paysages ou de biodiversité, mais également les grands changements de modes de vie et d’usages des territoires."