Pour restituer l’évolution des plantes fossilisées de la montagne de Bességes (Ronc rouge), nous remontons à la période géologique du Dévonien (-419/-359 Ma) avant le Carbonifère pour établir les paramètres des conditions initiales de leur adaptativitè, en fonction de leurs variations et des contraintes sélectives, exclusivement naturelles.

La Terre était divisée en trois grandes masses continentales. La plupart des zones émergées formaient un immense continent, le Gondwana, qui occupait alors le pôle Sud. Plus haut, une autre grande masse, la Laurussia, comprenait l’Amérique du Nord et ce qui adviendra l’Europe, Bességes se trouvait alors dans l’hémisphère Sud. C’était un vase espace lagunaire, lacustre et marécageux ouvert sur l’immense océan Panthalassa, il y faisait très chaud, pluvieux et humide, il y régnait « un effet de serre » sans glacier, ni calotte polaire, propice au développement des plantes : Les Lycophytes, Spénophytes, Fougères et des Progymnospermes apparaissaient et s’adaptaient en s’émancipant du milieu aquatique. Ces végétaux avaient de vraies racines et des feuilles qui seront piégées dans la vase, et fossilisées en charbon de terre.

Les fougères se sont différenciées en formes géantes arborescentes semblables aux arbres des dernières forêts primaires et mangroves explorées par Victor Rault au Brésil. À la fin du Dévonien les premières plantes à graines sont apparues. L’apparition rapide de tant de groupes de plantes différentes est connue sous le nom d’« explosion du Dévonien » qui provoqua une co-évolution avec Les Arthropodes, les Crustacés, les myriapodes et les Insectes, puis des reptiles, des amphibiens...

      Consécutivement à d’intenses événements géologiques,  hydrologiques et climatiques, des plantes seront enfouies et fossilisées dans la montagne de Bességes, le paléobotaniste Cyrille Grand’Eury va les identifier dans quinze couches de charbon, des succession de Sigillaires, Calamites et Cordaîtes, dont je modélise l’évolution jusqu’au Trias et au Lias, notamment  une admirable série de Pécoptéridés qui font de ce site un laboratoire de l’évolution naturelle qui deviendra celui de la civilisation du charbon, du fer et de l’acier.

Après une période d’abondance, de déclin et de tentatives de renouveau, nous sommes à la recherche des modalités d’un développement socio-économique compatible avec la cohérence vitale qui est assurée par l’absorption de ressources naturelles, sous forme de nourriture et d’eau, une énergie prélevée dans l’environnement par les espèces qui se constituent en chaîne alimentaire. À partir du Néolithique, l’espèce humaine a délaissé son statut de chasseur cueilleur pour s’orienter ces derniers siècles vers une économie de production et de consommation à outrance qui dépasse ses besoins les plus vitaux…

Ainsi une partie des terriens accèdent à un confort et à des commodités qui consomment abusivement des matières premières qui se raréfient. La dissipation de ces excès de puissance ne correspond plus à celles mises en jeux dans les processus vitaux qui se déroulent à basse énergie. Nous constatons une perte de cohérence vitale qui affecte les espèces végétales et animales causée par le réchauffement climatique, dont l’effet de serre qui ressemble à celui du Dévonien, menace notre survie.

Le modèle de la montagne de Bességes est plein d’enseignements pour la recherche fondamentale et appliquée, dans la mesure où il conjugue la longue évolution naturelle des plantes et l’exploitation des ressources en charbon et en fer, utilisées dans l’industrie, les chemins de fer et la marine, jusqu’à leur épuisement...